Par Olivier Raimbault
Au-delà de leur sujet commun, Les Saisons, ce sont les couleurs et le lyrisme qui font que coexistent, avec une telle évidence, ces deux univers différents.
Pourtant la sensibilité, l’univers russe, si suggestif, pudique et nuancé, des Saisons de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840 – 1893) ne semblaient pas trouver écho dans l’oeuvre sensuelle et soyeuse, aussi grave que rieuse, des Saisons d’Astor Piazzolla (1921 – 1992).
Mais les transcriptions d’Alexander Goedicke (1877 – 1957) et de José Bragato (1915 – 2017), font merveilles.
Elles accordent aux œuvres originales le supplément instrumental et harmonique révélant leur secrète alchimie.
Et dans l’interprétation aussi précise que généreuse du Trio Bohème — rappelons qu’il s’agit de la première gravure européenne des Saisons tchaïkovskiennes transcrites pour un Trio — l’on surprend la conversation, et même la connivence, ici ou là, entre le Russe et l’Argentin, aux existences et créations si marquées par la Danse.
Écoutez bien ces œuvres ! Tendez l’oreille ! Au-delà des océans et du temps, c’est de cela dont parlent, dans le langage universel, intemporel, de la Musique, ces deux compositeurs de légende :
de ce qui vient à l’âme, quand le corps danse.
Peu importe qu’il s’agisse d’un Ballet ou d’un Tango ! Le Pas de Deux sait être aussi mélancolique que chavirant.
Il revient à leurs si fins et fidèles transcripteurs, à l’enthousiasme communicatif du Trio Bohème, de nous faire le cadeau de ces sublimes confidences, qui jamais ne cessent de nous bouleverser.
Beyond their common subject – The Seasons – it is the colours and the musical expression that enable these two different worlds to coexist with such evident ease.
« Le jeu palpitant des trois musiciens, leurs sensibilités et leurs respirations font sortir la richesse de la transcription, magnifiquement articulée et au son homogène… L’univers du compositeur argentin Astor Piazzolla est rempli de passion, de sensualité et de sauts d’humeur durs et inattendus. Le Trio Bohème en maitrise parfaitement l’ambiance. Les trois musiciens passent du swing vibrant au cantabile nostalgique dans un jeu qui préfère l’élégance par rapport au geste sévère, sans jamais lâcher la tension et la pression. Il en résulte une interprétation musicale très atmosphérique et éloquente. »
Les Saisons de Tchaïkovski trouvent dans cette lecture un souffle nouveau : les attaques des archets (Février-Carnaval), le timbres des pizzicati (Juin-Barcarolle) et le cantabile jamais larmoyant des cordes (éloquent violon de Lev Maslovsky dans le Chant d’Automne) au creux desquelles se glisse le piano narratif de Jasmina Kulaglich (Juillet-Chant des moissonneurs) en exaltant toute l’âme slave…. Magnifique apesanteur du violoncelle d’Igor Kiritchenko au centre de l’Automne de Piazzolla… La poésie subtile, l’engagement et la sincérité des interprètes séduisent. Un album attachant. »
« Le violon épanoui de Lev Maslovsky fit songer à Gidon Kremer… au violoncelle d’Igor Kiritchenko revenant de très expressifs et parfois bouleversants solos… Jasmina Kulaglich, cheville inspirée et dynamique du Trio Bohème, avec le rythme omniprésent, hypnotique et obsédant du tango, contribuant à saisir littéralement l’assistance. A découvrir - un album particulièrement séduisant. »
« Les Saisons de Tchaïkovski s’enchaînent avec un merveilleux sentiment de douceur. Chaque piste appelle à la poésie. Juin est d’une tendresse infinie. Quand Octobre arrive, le violon fait voler nos cœurs et effeuille petit à petit le vieil agenda…. Le Trio Bohème nous a offert son plus beau cadeau : une année de plus et pas une ride de plus. »